Je me souviens de l’appareil photo de mon père : après avoir mesuré la lumière au moyen de son posemètre, il déclenchait la prise de vue, avec en clé, le bruit mécanique feutré du diaphragme.
Contrairement à aujourd’hui, il fallait confier la pellicule à un labo photo et le résultat n’arrivait que bien après.
Plus tard, en regardant ces photos, je continue à être étonné de la spontanéité qu’elles dégagent, malgré tout ce travail de préparation qui les précédait.
Mon intérêt pour la photographie provient en partie de ces souvenirs.
Adolescent, j’avais réussi à acquérir mon premier réflex grâce à des petits boulots, un OM1, avec lequel je parcourais les forêts à vélo à la recherche de sujets. Tout était prétexte à photo. Parfois, à la nuit tombante, je filais sur les crêtes pour saisir les dernières lumières du soir en ombre chinoise.
L’argentique a un aspect artisanal, la photo se fabrique après un processus de création dans une chambre noire : choix du papier, exposition, révélateur, fixateur, séchage.
Le passage au numérique a été plus difficile, mais l’envie de saisir des paysages et la beauté du monde demeurent intacts, cela m’a permis de poursuivre sur ce nouveau format et de découvrir les possibilités incroyables qu’il autorise.
La photographie est pour moi un moyen de capturer des moments d’émotion en essayant d’en restituer l’intensité, ou pour le moins mon ressenti.